Magallana gigas est une dénomination controversée[1] de l'huître creuse du Pacifique, Crassostrea gigas. Il s'agit d'une « huître creuse » du genre Magallana originaire du nord-ouest de l'océan Pacifique. Elle est souvent dénommée « huître japonaise », cette dénomination vernaculaire ambigüe se rapportant préférablement à la Magallana nippona. Introduite dans 48 pays depuis le début du XXe siècle (1966 en France) à des fins économiques, pour remplacer les stocks d'huîtres indigènes épuisés par la surexploitation ou les maladies, elle est devenue l'huître la plus élevée au monde[2]. Sa production globale était en 2003 de 4,38 millions de tonnes (dont 84 % en Chine), dépassant ainsi toutes les autres espèces marines relevant de l'aquaculture[3]. Elle représente 99 % de la production française au début du XXIe siècle[4].
Espèce colonisatrice, elle est devenue invasive dans plusieurs régions, en raison de différents facteurs (réchauffement climatique, pollution par les nitrates, développement des populations sauvages issues des installations ostréicoles), ce qui pose de multiples problèmes écologiques et économiques (banalisation de la faune littorale, valorisation peu rentable du fait de la contamination éventuelle[5] ou des coûts élevés de ramassage et de transport)[6],[7].
Cette huître a une coquille inéquivalve (deux valves différentes inéquilatérales), extrêmement rugueuse, très cannelée, et laminée. De forme variable, elle a tendance à être oblongue avec un bord crênelé. Sa valve (inférieure) gauche est profondément creuse et sculptée de grossières arêtes concentriques crénelées et coupantes (arêtes correspondant à des stries de croissance étudiées par la sclérochronologie, et délimitant des lames concentriques écailleuses). Même déformée, cet aspect la rend très caractéristique. Fréquemment, 6 ou 7 côtes épaisses (plis calcaires ondulés) forment une profonde marque sur la marge de la coquille. Sa valve (supérieure) droite plate ou légèrement convexe se repose à l'intérieur de la gauche et a des sculptures similaires. Le crochet et l’umbo qui se forment sur la charnière de la coquille sont souvent envahis par ces plis calcaires. La couleur est souvent grisâtre à verdâtre, avec plusieurs raies et taches pourpres rayonnant loin de l'umbo. L'intérieur de la coquille est blanc, avec un muscle adducteur qui est parfois sombre, mais jamais pourpre ou noir[8].
La sexualité de l'huître creuse a très tôt été décrite comme reposant sur un hermaphrodisme successif. La détermination du sexe est un phénomène complexe qui est régulé par de nombreux facteurs environnementaux (température, nourriture…) et internes, si bien qu'on peut parler aussi d'un mode de reproduction qui relève du gonochorisme (présence simultanée des deux sexes chez un même individu, phénomène peu fréquent)[9].
La maturation sexuelle et la gamétogenèse commencent à la in de l’hiver et se poursuivent jusque vers le mois de juillet, période de la fécondation externe[10]. Cette fécondation a lieu préférentiellement durant le flot de la marée. La ponte peut se produire plusieurs fois durant l’été, lorsque la température de l’eau est supérieure à un seuil (18 à 20 °C), et sa durée aller de quelques minutes à plus d’une heure. Chez la femelle, elle se traduit par de violents mouvements valvaires, ce qui rend la ponte détectable au moyen d’un enregistrement de l’activité valvaire. Chez le mâle, c’est une importante action des cils qui propulse les spermatozoïdes à l’extérieur[11].
La stratégie reproductive de type r est liée à la forte mortalité de la phase planctonique de l'huître. La fécondité est très élevée : une femelle libère entre 20 et 100 millions d’œufs non fécondés par ponte, contre un million pour l'huître plate[12],[13].
Cette huître est une espèce ovipare hermaphrodite protandre successive[14].
La gamétogénèse est active au printemps et se traduit par le développement de la gonade autour de la glande digestive (en maturant, cet organe reproducteur devient blanchâtre : l'huître est dite « laiteuse »). La fécondation externe a lieu après l'émission de spermatozoïdes et d'ovocytes une ou plusieurs fois par été lorsque la température de l'eau est supérieure à un seuil d'environ 18 – 20 °C[15]. L'œuf fécondé donne une larve planctonique qui dérive avec la masse d’eau pendant environ 20 jours[16]. Cette phase larvaire passe par différents stades : la larve trochophore devient, au bout de 24 heures environ, une larve D puis une larve véligère qui mesure 60 µm. Vivant de ses réserves énergétiques, elle devient strictement planctotrophe au bout de 5 jours environ[17].
La larve véligère dispose d’un velum, une sorte de voile cilié, qui lui sert à se déplacer et à capturer ses proies. Elle se recouvre rapidement d'une coquille larvaire, la prodissoconque (en) (larve umbonée). À la fin du stade larvaire (en moyenne deux à trois semaines), elle atteint 300 µm, se munit d’un pied (larve dite pédivéligère) qui lui permet de ramper pour choisir le substrat sur lequel elle va se fixer et lui sécrète le ciment pour la fixation. Une fois fixée, la larve devenue naissain commence sa métamorphose et le développement des organes de l’adulte[18].
Originellement placée dans le genre-type des huîtres Ostrea, cette espèce a été connue pendant tout le XXe siècle sous le nom de « Crassostrea gigas », mais une étude génétique de 2017 l'a redéplacée dans le genre Magallana, ainsi que plusieurs autres espèces du même genre[19].
Cependant, cette classification phylogénétique est controversée car elle repose sur un critère qui, selon un consortium international de chercheurs reconnus[1], est trop partiel pour être validé. En effet, l'utilisation d'un seul critère moléculaire chez une des rares espèces de mollusques marins d'intérêt commercial dont le génome entier est disponible depuis plusieurs années [20] ne fait pas consensus sur sa pertinence. En conséquence, cette proposition de changement taxonomique,pour l'espèce Crassostrea gigas, qui n'est supportée à ce jour que par deux articles émanant des mêmes auteurs n'est pas adoptée par la communauté scientifique spécialisée. Ceci est illustré par la persistance de la dénomination Crassostrea gigas dans une large majorité d'articles de la littérature scientifique spécialisée depuis la parution en 2017 de la proposition de changement taxonomique par Salvi et collègues. Toutefois, l'organisme officiel de nomenclature biologique, le World Register of Marine Species, nomme désormais cette espèce Magallana gigas[21] .
Selon des critères similaires, plusieurs analyses phylogéniques font apparaître l'« huître portugaise » (Magallana angulata) comme un morphotype local de l'huître creuse japonaise[22],[23].
Magallana gigas est une dénomination controversée de l'huître creuse du Pacifique, Crassostrea gigas. Il s'agit d'une « huître creuse » du genre Magallana originaire du nord-ouest de l'océan Pacifique. Elle est souvent dénommée « huître japonaise », cette dénomination vernaculaire ambigüe se rapportant préférablement à la Magallana nippona. Introduite dans 48 pays depuis le début du XXe siècle (1966 en France) à des fins économiques, pour remplacer les stocks d'huîtres indigènes épuisés par la surexploitation ou les maladies, elle est devenue l'huître la plus élevée au monde. Sa production globale était en 2003 de 4,38 millions de tonnes (dont 84 % en Chine), dépassant ainsi toutes les autres espèces marines relevant de l'aquaculture. Elle représente 99 % de la production française au début du XXIe siècle.
Espèce colonisatrice, elle est devenue invasive dans plusieurs régions, en raison de différents facteurs (réchauffement climatique, pollution par les nitrates, développement des populations sauvages issues des installations ostréicoles), ce qui pose de multiples problèmes écologiques et économiques (banalisation de la faune littorale, valorisation peu rentable du fait de la contamination éventuelle ou des coûts élevés de ramassage et de transport),.