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Vicia ( French )

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La vesce (Vicia) et la fourmi (fable de printemps)

Vicia est un genre de plantes dicotylédones de la famille des Fabaceae (légumineuses), sous-famille des Faboideae, à répartition quasi-cosmopolite, qui comprend environ 200 espèces acceptées. C'est le genre des vesces, de la fève et de la féverolle.

Ce sont des herbacées annuelles ou vivaces, au port dressé ou grimpant, aux feuilles composées terminées par une vrille et aux fleurs papilionacées. Les fruits sont des gousses déhiscentes contenant plusieurs graines.

Différentes espèces sont cultivées soit pour leur graines, utilisées dans l'alimentation humaine comme légumes secs (c'est le cas principalement de la fève - Vicia faba) ou dans l'alimentation animale, soit pour leur feuillage ou la plante entière comme plantes fourragères. Certaines espèces présentent des risques de toxicité pour l'homme et les animaux d'élevage, en particulier les monogastriques, du fait de la présence de facteurs anti-nutritionnels qui font que ces plantes sont peu appétentes, en particulier pour les porcs.

Description

Ce sont des plantes grimpantes grâce à leurs feuilles composés pennées à nombre pair de folioles et terminées par une vrille simple ou ramifiée qui leur permet de grimper en s'accrochant aux plantes voisines. Les tiges ne sont pas ailées, ce qui permet généralement de les différencier des gesses (genre Lathyrus).

Fleurs papilionacées solitaires ou en racèmes.

Les fruits sont des gousses (ou légumes).

Étymologie

  • Le nom générique, Vicia, en grec βικία, dérivé du terme βικίον (petite amphore), latinisé en vĭcĭa, -ae, vesce ou pois (qui désignait principalement Vicia sativa L.)[1]. Certains auteurs ( Chantraine, DELG) disent que pour des raisons phonétiques, il vaut mieux penser que c'est le grec qui a emprunté vicia , ce qui laisse en suspens toute étymologie plus lointaine

Taxinomie

Le genre Vicia a été décrit en premier par Linné et publié en 1753 dans son Species plantarum 2: 734–737. 1753[2]. C'est l'un des cinq genres qui composent la tribu des Fabeae (synonyme Vicieae), les quatre autres étant Lathyrus (gesses, 160 espèces), Lens (lentilles, 4 espèces), Pisum (pois, 3 espèces) et Vavilovia (genre monotypique)[3]. L'espèce type du genre Vicia est Vicia sativa.

Synonymes

Selon Mansfeld's database of Agricultural and Horticultural Crops[4] :

  • Abacosa Alef. 1861
  • Anatropostylia (Plitm.) Kupicha, 1973
  • Atossa Alef., 1861
  • Coppoleria Tod., 1845
  • Cracca Medik. , 1853
  • Cujunia Alef., 1861
  • Endiusa Alef., 1859
  • Ervilia Link, 1822
  • Ervum L. , 1754
  • Faba Mill.
  • Hypechusa Alef. , 1860
  • Orobella Presl, 1837
  • Parallosa Alef., 1859
  • Rhynchium Dulac, 1867
  • Sellunia Alef., 1859
  • Swantia Alef. , 1859
  • Tuamina Alef., 1861
  • Vicilla Schur, 1866
  • Vicioides Moench, 1794
  • Wiggersia P. Gaertn., B. Mey. & Scherb., 1801

Liste d'espèces

Selon The Plant List (30 décembre 2018)[5] :

Utilisation

Plante fourragère

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Vesce de Pannonie
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Fleurs de vesce de Cerdagne (V. villosa)

C'est aujourd'hui l'utilisation principale de la vesce. Beaucoup d'espèces de vesces peuvent être cultivées comme fourrages destinés aux ruminants selon les climats. La vesce de Cerdagne est très rustique[6]. La vesce de Pannonie, adaptée aux sols froids et humides, très résistante au froid[6] et la vesce de Narbonne ont aussi été largement utilisées. La récolte peut être réalisée par pâturage rationné (mélanges de préférence) ou en ensilage ou foin. La vesce constitue un fourrage de valeur énergétique moyenne, riche en azote et apprécié des animaux. Compte tenu des problèmes de toxicité, elle doit être associée à d'autres aliments[7]. Elle est appréciée en culture biologique pour sa rusticité et son caractère étouffant.

Les vesces peuvent être présentes et sont intéressantes pour les ruminants dans les prairies permanentes, par exemple V. cracca et V. sepium en montagne[8].

Les graines de vesce et de féverolle sont particulièrement recherchées par les pigeons[6] et utilisées pour les nourrir[9]. Des arrêtés municipaux obligeaient à garder les pigeons d'élevage enfermés au moment des semis[10].

La féverolle est un protéagineux intéressant pour les ruminants, les porcs et les volailles. La récolte est réalisée à la moissonneuse-batteuse. Les fanes peuvent donner un foin de faible valeur.

Mélanges fourragers

En France, on cultive surtout la vesce commune en mélange, avec du triticale ou de l'avoine et du pois fourrager[11] ou encore par exemple les mélanges de Landsberg[12] : ray-grass d'Italie, trèfle incarnat et vesce. Aux XVIIIe siècle et XIXe siècle on cultivait des mélanges de vesces et pois appelés bisailles. Dans les mélanges, la féverole peut servir de tuteur aux vesces et pois fourragers.

Plante alimentaire

L'ers (V. ervilia) est sans doute la première vesce à avoir connu le succès en culture dès le néolithique ancien (PPNA, -8000)[13]. Sa consommation nécessitait peut-être plusieurs cuissons à l'eau afin d'éviter les ennuis digestifs. Voir Vicia ervilia#Utilisation.

L'utilisation de la vesce commune a suivi[14]. L'utilisation de ces vesces a ensuite régressé, elles ont été remplacées comme légumineuses alimentaires par la fève (V. faba) plus avantageuse, par les pois et enfin les haricots alors que la lentille s'est maintenue (certaines variétés à graines rouges de vesces et de lentilles peuvent être confondues). Les populations pauvres en ont cependant régulièrement consommé, surtout en temps de famine[15]. La vesce commune (au Moyen-Orient et en Inde) et la fève (bassin méditerranéen, Chine) sont encore l'objet d'une consommation importante.

Les graines de fève sont consommées cuites comme les haricots mais aussi parfois crues (jeunes graines tendres en apéritif). La farine de fève est utilisée comme adjuvant dans la fabrication du pain[16].

Lorsqu'elles sont fendues, les graines de vesce commune ressemblent à des lentilles rouges (Lens culinaris) et ont parfois été étiquetées à tort comme des lentilles par les exportateurs ou les importateurs, et vendues pour la consommation humaine. Dans certains pays où les lentilles sont très populaires - par exemple le Bangladesh, l'Égypte, l'Inde et le Pakistan, des interdictions d’importation de produits suspects ont été instaurées pour prévenir ces escroqueries potentiellement nuisibles[17],[18], en particulier pour les personnes sujettes au favisme.

Plante améliorante

Les différentes espèces de vesce sont intéressantes en agriculture conventionnelle, comme en agriculture biologique, d'une part pour l'enrichissement du sol en azote grâce à leurs nodosités racinaires, soit pour améliorer la structure du sol grâce à leur système racinaire puissant. On les emploie à cet effet soit en les faisant entrer dans la rotation culturale, soit comme engrais vert en culture intercalaire. Les plantes utilisées en interculture ou comme engrais vert doivent aussi produire suffisamment de biomasse en un temps court, être économiques à l'implantation et facilement destructibles, par exemple par le gel; en France l'institut Arvalis préconise pour ces usages la vesce commune (V. sativa, certaines variétés de printemps), la vesce velue (V. villosa), la vesce du Bengale (V. benghalensis)[19]. Elles peuvent être utilisées en mélange avec d'autres espèces.

La vesce peut être cultivée comme plante compagne. Ces méthodes encore en développement semblent prometteuses :

  • dans le cas de cultures semées précocement comme le colza (septembre), on peut viser un semis relativement dense de la vesce et sa destruction par le gel en hiver pour profiter de l'effet d'étouffement de la vesce sur les adventices. on choisit alors des variétés gélives de vesce ou de féverolle[20]. Dans ce cas on économise seulement environ 30 unités d'azote. Dans le cas du blé plante principale, conduit de la même façon, on note un gain de 20 unités d'azote et/ou une amélioration du taux de protéines avec la féverolle[21].
  • Si la plante compagne est gardée jusqu'à la récolte de la plante principale le semis de la compagne doit être suffisamment clair pour ne pas affecter la récolte de la principale. Comme la vesce se sert de la plante principale comme tuteur, il faut aussi veiller à ne pas provoquer de verse. Ces cultures peuvent concerner les céréales, le tournesol, le colza. Le gain sur la fertilisation azotée est plus important et la plante compagne peut éventuellement être aussi récoltée si les dates de maturité correspondent. L'itinéraire cultural est cependant compliqué et les effets améliorants sur la plante principale sont difficiles à quantifier. En particulier, le gain sur les traitements phytosanitaires semble aléatoire[22]. En culture biologique, les avantages seraient plus nets.
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Molécule de leucoagglutinine, phytohémagglutinine toxique, présente dans les fèves (Vicia faba) crues.

Toxicité

Les vesces cultivées comme fourrage sont généralement toxiques pour les non-ruminants (espèces monogastriques, y compris l'homme), du moins si elles sont consommées en quantité. Des bovins et des chevaux ont été empoisonnés par Vicia villosa et par Vicia benghalensis, deux espèces dont les graines contiennent de la canavanine. Ce composé chimique, analogue toxique d'un acide aminé, l'arginine, a été identifiée chez Vicia hirsuta comme un anorexigène pour les animaux monogastriques, tandis que la Vicia narbonensis (vesce de Narbonne) contient un composé plus faible mais moins actif, le γ-glutamyl-S-éthénylcystéine[17]. Dans la vesce commune (Vicia sativa), on a trouvé de la γ-glutamyl-β-cyanoalanine. La partie active de cette molécule est la β-cyanoalanine. Elle inhibe la conversion d'un acide aminé soufré, la méthionine, en cystéine. La cystathionine, produit intermédiaire de cette voie biochimique, est excrétée dans l'urine[23]

Ce processus peut effectivement conduire à l'épuisement des réserves protectrices vitales de la cystéine (acide aminé soufré), faisant ainsi de la graine de Vicia sativa un composant dangereux en mélange avec d'autres sources de toxines. En Espagne, le mélange de graines de légumineuses comuña contient des graines de vesce et de vesce amère, en plus de Lathyrus cicera . Il peut être donné en petites quantités aux ruminants, mais son utilisation comme aliment de base peut provoquer du lathyrisme, même chez ces animaux. De plus, la vesce commune ainsi que la fève - et probablement aussi d’autres espèces de Vicia - contiennent des oxydants tels que la convicine, l'isouramil, la divicine et la vicine en quantité suffisante pour abaisser les niveaux de glutathion chez les personnes déficientes en G6PD et provoquer la maladie du favisme. Les fèves contiennent également une lectine, la phytohémagglutinine, et sont quelque peu toxiques lorsqu'elles sont consommées crues.

Plantes-hôtes

Les plantes du genre Vicia sont des plantes-hôtes de chenilles de nombreuses espèces de papillons : des Pieridae (Colias chrysotheme, Colias crocea, Colias erate poliographus, Colias heos, Colias hyale), des Lycaenidae (Cupido alcetas, Plebejus argus, Plebejus subsolanus, Polyommatus icarus, Zizula hylax), ainsi qu'Autographa gamma, Coleophora colutella, Digrammia californiaria, Euclidia glyphica, Euclidia mi, Lygephila craccae, Lygephila lusoria, Lygephila pastinum, Lygephila procax, Lygephila viciae, Scythris flaviventrella, Sideridis texturata, Siona lineata et Thorybes mexicana[24].

Calendrier

Dans le calendrier républicain français, « vesce » est le 28e jour du mois de Messidor[25].

Proverbe

Pigeon saoul trouve la garobe amère : faire le difficile lorsque l'on est dans l'abondance. Garobe est le nom de la vesce en Poitevin. Les pigeons étaient réputés apprécier les graines de vesce.

Notes et références

  1. (es) « 33. Vicia L. », sur Flora iberica, Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC) (consulté le 9 juin 2017).
  2. « Vicia », sur Tropicos Missouri Botanical Garden (consulté le 30 décembre 2018).
  3. (en) Petr Smýkal, Clarice Coyne, Robert Redden et Nigel Maxted, Genetic and Genomic Resources of Grain Legume Improvement : 3. Peas, Elsevier Inc. Chapters, 2013, 322 p. (ISBN 978-0-12-806437-5, lire en ligne).
  4. (en) « Accepted name: Vicia L. , Sp. Pl., 734. 1753.; Gen. Pl. ed. 5 (1754) 327 », sur Mansfeld's database of Abricultural and Horticultural Crops, IPK Gatersleben (consulté le 30 décembre 2018).
  5. The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 30 décembre 2018
  6. a b et c Mazoyer, Marcel, 1933-, Larousse agricole, Paris, Larousse, 2002, 767 p. (ISBN 2-03-091022-8, 9782030910221 et 2035910226, OCLC , lire en ligne)
  7. « Les associations céréales et protéagineux récoltées en fourrage », sur chambre-agriculture-normandie. (consulté le 30 décembre 2018)
  8. JP Theau, « Typologie des végétations des prairies permanentes des Alpes du nord », sur ceraq, octobre 2016 (consulté le 1er janvier 2019)
  9. « L'alimentation », sur Colombophilie (consulté le 1er janvier 2019)
  10. Dictionnaire encyclopédique Quillet, Paris, Librairie Aristide Quillet, 1946
  11. « Objectif autonomie alimentaire, les promesses du semis sous couvert », sur Herb'actifs (consulté le 1er janvier 2019)
  12. Soltner, Dominique, (1936- ...)., Les grandes productions végétales phytotechnie spéciale : céréales, plantes sarclées, prairies, Collection sciences et techniques agricoles, dl 2004 (ISBN 2-907710-02-8 et 9782907710022, OCLC , lire en ligne), p. 443
  13. Laurent Bouby, « Diffusion des plantes cultivées, émergence de l'agriculture en Europe », Dossiers d'archéologie,‎ 0ctobre 2012, p. 56-61 (ISSN )
  14. (en) Zohary, Daniel., Domestication of plants in the old world : the origin and spread of cultivated plants in West Asia, Europe, and the Nile Valley, Oxford, Oxford University Press, 2000, 316 p. (ISBN 0-19-850357-1, 9780198503576 et 0198503563, OCLC , lire en ligne)
  15. Toussaint-Samat, Maguelonne, 1926-, A history of food, Wiley-Blackwell, 2009, 776 p. (ISBN 978-1-4051-8119-8 et 1405181192, OCLC , lire en ligne)
  16. « Féverole », sur Terres Univia (consulté le 1er janvier 2019)
  17. a et b (en) D. Enneking, The toxicity of Vicia species and their utilisation as grain legumes, University of Adelaide, 1994, Portable Document Format (lire en ligne).
  18. (en) Norman Swan, « Vetch scandal », The Health Report, 19 avril 1999 (consulté le 30 décembre 2018).
  19. « Les vesces, des semences de taille modérée qui facilitent les mélanges », sur Arvalis.infos, 4 juin 2012 (consulté le 30 décembre 2018)
  20. Julien Charbonnaud, « Conseil colza - Associer son colza à des légumineuses gélives », sur Terres Inovia, 3 juillet 2017 (consulté le 31 décembre 2018)
  21. Bruno Chevallier, « Cultiver du blé associé à une plante compagne : avec la féverole des effets positifs sur le rendement et la teneur en protéines », sur centre-valdeloire.chambres-agriculture., 15 janvier 2018 (consulté le 31 décembre 2018)
  22. Muriel Valantin-Robinson, « Des légumineuses plantes compagnes associées aux blé et colza? », sur Inra RFL, 2016 (consulté le 31 décembre 2018)
  23. (en) Charlotte Ressler, Jeanne Nelson et Morris Pfeffer, « A pyridoxal-β-cyanoalanine relation in the rat », Nature (journal), vol. 203, no 4951,‎ 1964, p. 1286–1287 (DOI ).
  24. (en) « Vicia L. », sur Nic.Funet.fi (consulté le 30 décembre 2018).
  25. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 28.

Voir aussi

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Vicia: Brief Summary ( French )

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Vicia est un genre de plantes dicotylédones de la famille des Fabaceae (légumineuses), sous-famille des Faboideae, à répartition quasi-cosmopolite, qui comprend environ 200 espèces acceptées. C'est le genre des vesces, de la fève et de la féverolle.

Ce sont des herbacées annuelles ou vivaces, au port dressé ou grimpant, aux feuilles composées terminées par une vrille et aux fleurs papilionacées. Les fruits sont des gousses déhiscentes contenant plusieurs graines.

Différentes espèces sont cultivées soit pour leur graines, utilisées dans l'alimentation humaine comme légumes secs (c'est le cas principalement de la fève - Vicia faba) ou dans l'alimentation animale, soit pour leur feuillage ou la plante entière comme plantes fourragères. Certaines espèces présentent des risques de toxicité pour l'homme et les animaux d'élevage, en particulier les monogastriques, du fait de la présence de facteurs anti-nutritionnels qui font que ces plantes sont peu appétentes, en particulier pour les porcs.

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