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Viorne obier

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Viburnum opulus

La Viorne obier (Viburnum opulus) est un arbuste à feuilles caduques et palmées, appartenant à la famille des Adoxacées.

Dénomination

Autres noms communs : rose de Gueldre, obier, viorne aubier, aubier, boule de neige pour le cultivar Roseum.

Description

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Une viorne obier.

Haute de 1 à 4 m, la Viorne obier possède des feuilles lobées qui atteignent 5 à 11 cm de longueur.

Les fleurs blanches forment de mai à juillet de larges ombelles avec des fleurs centrales petites et fertiles et de grandes fleurs extérieures stériles.

Les fruits sont des baies rouges un peu malodorantes à maturité, considérées comme non comestibles, mais utilisées dans les médecines traditionnelles comme toni-cardiaques.

Le cultivar « Boule de neige » (Viburnum opulus 'Roseum') dont toutes les fleurs sont blanches (en opposition avec son nom scientifique) est souvent planté dans les parcs et jardins ; toutes ses fleurs sont stériles et semblables aux fleurs périphériques de la variété sauvage[1].

Propriétés

Le Viorne obier contient 81% d’eau, 2105 UI de provitamine A, 1,64 g de vitamine C/kg de fruit frais, 4,9 g de flavonoïdes/kg de fruit frais, 10,8 g de potassium/kg de fruit séché, 1,3 g de magnésium/kg de fruit séché, 1,3 g de phosphore/kg de fruit séché, 1,2 g de calcium/kg de fruit séché, 17 mg de fer/kg de fruit séché.[2],[3],[4] Les fruits séchés contiennent 4% de lipides et 1% de protéines.[5] Les feuilles contiennent des saponines, des glycosides, des stéroïdes, des tanins, des quinones, des phénols, des alcaloïdes, des coumarines et des terpénoïdes.[6]

Toxicité

Cette plante contient un alcaloïde, la lycorine. Les fruits cuits seraient consommables, mais crus (et surtout verts), ils provoqueraient des troubles digestifs à faible dose et des troubles neurologiques et cardiaques à forte dose.[7] Chez la souris, la LD50 (dose létale pour 50% des individus) est de 5,4 g de feuilles sèches/kg[8].

Il est conseillé de considérer cette plante comme faiblement toxique[9].

Habitat

C'est un arbuste des bois sur sol humide et des marais, ne dépassant pas l'altitude de 1 600 m. Ses branches au contact du sol se marcottent facilement, ce qui favorise d'autant sa forme buissonneuse.

Répartition

La Viorne obier est présente en Amérique du Nord (aux États-Unis et au Canada), en Europe et dans une grande partie de l'Asie.

Statuts de protection, menaces

L'espèce n'est pas encore évaluée à l'échelle mondiale par l'UICN. En Europe et en France elle est classée comme non préoccupante[10].

L'obier dans la tradition slave

L'obier joue un grand rôle dans la tradition slave. Son nom russe, калина (kalina), est à l'origine de la célèbre chanson Kalinka (littéralement « petite baie d'obier ») car il est notamment le symbole de l'amour, que l'on retrouve dans de nombreux contes et chansons[11]. En Ukraine, il est également un symbole national : la chanson Oh l'obier rouge dans la prairie fut écrite en 1914 pour une unité militaire formée dans l'ouest du pays, les fusiliers de la Sitch. La chanson fut plus tard reprise par l'Armée insurrectionnelle ukrainienne et est redevenue célèbre en 2022 suite à l’invasion de l'Ukraine par la Russie, remixée notamment par Pink Floyd.

Les contes et bylines russes font fréquemment mention du « pont d'obier » (kalinoviy most), qui traverse la « rivière de cassis » ou « rivière de feu », et sur lequel se déroulent notamment des batailles. Le bois d'obier, fragile, paraissant peu destiné à la fabrication de ponts, il semble que cette expression soit réservée aux contes merveilleux, avec un sens symbolique particulier (le pont reliant le monde des vivants et le monde des morts). Le terme n'aurait en fait originellement pas de rapport avec l'obier, mais avec le verbe phonétiquement voisin kalit' , « chauffer au rouge » ; les deux termes partageant la référence à la couleur rouge, couleur des baies de l'obier[12].

La princesse Kalina de Bulgarie est un exemple de personnalité portant le prénom traditionnel Kalina.

Utilisations

Usage culinaire

Les fruits sont comestibles cuits mais sont amers. Ils gagnent en sucres et perdent un peu leur amertume avec le temps, donc il est préférable de les cueillir en octobre, novembre, voire en décembre. Ils sont encore traditionnellement consommés en Turquie[13].

Selon certaines traces archéologiques, les fruits ont été probablement déjà consommés il y a 5500 ans.[14]

Usage médical

XXe siècle:

L'écorce de la tige ou de la racine et fleurs: antispasmodiques, astringentes, diurétiques, toniques du système nerveux, sédatifs utérin, anti dysménorrhéiques. Les feuilles et les baies crues sont purgatives et vomitives.[15],[16] Le fruit est antispasmodique, astringent et sédatif.[16] L’ensemble de la plante est cardiotonique[16].

XXIe siècle:

Aujourd'hui la plante est à la fois utilisée en médecine classique et en phytothérapie. L’écorce de tige est un antispasmodique, astringent, hémostatique, analgésique utérin, améliorant du tonus utérin, facilitant de l’accouchement.[8],[17],[18] L’activité analgésique est de même intensité que celle de l’aspirine.[8] Le fruit est un antioxydant, antimicrobien, anticancéreux et est recommandé contre certains calculs rénaux et pour la prévention de certains cancers.[19],[20],[21],[4],[13] Les feuilles sont antimicrobiennes.[6]

Galerie

Notes et références

  1. Lambinon J. et al., Nouvelle flore de la Belgique, du G.-D. de Luxembourg, du Nord de la France et des régions voisines (Ptéridophytes et Spermatophytes), Meise, Jardin botanique national de Belgique, 6e éd., 2012, 1195 p. (ISBN 978-90-72619-88-4)
  2. Mehmet Polat, Kerem Mertoğlu et İlknur Eski̇Mez, « Physico-Chemical Characteristics of Some Gilaburu (Viburnum Opulus L.) Genotypes », International Journal of Agriculture, Environment and Food Sciences,‎ 6 mars 2021, p. 51–55 (ISSN , DOI , lire en ligne, consulté le 13 septembre 2021)
  3. François Couplan, La Cuisine sauvage : accommoder mille plantes oubliées, dl 2018 (ISBN 978-2-86985-318-8 et 2-86985-318-1, OCLC , lire en ligne)
  4. a et b (en) Otakar Rop, Vojtech Reznicek, Magdalena Valsikova et Tunde Jurikova, « Antioxidant Properties of European Cranberrybush Fruit (Viburnum opulus var. edule) », Molecules, vol. 15, no 6,‎ 23 juin 2010, p. 4467–4477 (ISSN , PMID , PMCID , DOI , lire en ligne, consulté le 13 septembre 2021)
  5. (en) Arjina Shrestha, Janet C. Cole et Mark E. Payton, « Survey of Cultural Practices Used in Viburnum Production », Journal of Environmental Horticulture, vol. 31, no 2,‎ 1er juin 2013, p. 109–116 (ISSN et , DOI , lire en ligne, consulté le 13 septembre 2021)
  6. a et b Abiodun Humphrey Adebayo, Aristotle Balade et Omolara Faith Yakubu, « GAS CHROMATOGRAPHY-MASS SPECTROMETRY ANALYSIS OF VIBURNUM OPULUS (L) EXTRACT AND ITS TOXICITY STUDIES IN RATS », Asian Journal of Pharmaceutical and Clinical Research, vol. 10, no 6,‎ 1er juin 2017, p. 383 (ISSN et , DOI , lire en ligne, consulté le 13 septembre 2021)
  7. Jean-Marie,. Pelt, Guide des plantes à fruits charnus comestibles et toxiques, Lavoisier, dl 2015, cop. 2015 (ISBN 978-2-7430-2046-0 et 2-7430-2046-6, OCLC , lire en ligne)
  8. a b et c (en) M. L. Altun, G. Saltan Çitoğlu, B. Sever Yılmaz et H. Özbek, « Antinociceptive and anti-inflammatory activities of Viburnum opulus », Pharmaceutical Biology, vol. 47, no 7,‎ juillet 2009, p. 653–658 (ISSN et , DOI , lire en ligne, consulté le 13 septembre 2021)
  9. Joel Reynaud, La flore du pharmacien, Ed TEC et DOC, 2002 (ISBN 9782743005290)
  10. MNHN & OFB [Ed]. 2003-présent. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site web : https://inpn.mnhn.fr, consulté le 28 décembre 2021.
  11. Institut sociologique ukrainien (avant-propos Antoine Meillet), Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle, Giard, Paris, 1921, p. 40-41
  12. A.N. Afanassiev, Nouveaux contes populaires russes, commentaire de Lise Gruel-Apert (p. 331-332)
  13. a et b (en) O. Sagdic, A. Aksoy et G. Ozkan, « Evaluation of the antibacterial and antioxidant potentials of cranberry (gilaburu, Viburnum opulus L.) fruit extract », Acta Alimentaria, vol. 35, no 4,‎ décembre 2006, p. 487–492 (ISSN et , DOI , lire en ligne, consulté le 13 septembre 2021)
  14. (en) Lucyna Kubiak-Martens, « The plant food component of the diet at the late Mesolithic (Ertebolle) settlement at Tybrind Vig, Denmark », Vegetation History and Archaeobotany, vol. 8, nos 1-2,‎ juin 1999, p. 117–127 (ISSN et , DOI , lire en ligne, consulté le 13 septembre 2021)
  15. Clotilde Boisvert et Normandie Roto impr.), Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, Omnibus, impr. 2010 (ISBN 978-2-258-08434-6 et 2-258-08434-2, OCLC , lire en ligne)
  16. a b et c Lucienne Bézanger-Beauquesne, Plantes médicinales des regions tempérées, Maloine, 1990 (ISBN 2-224-01839-8 et 978-2-224-01839-9, OCLC , lire en ligne)
  17. Jean-Michel, ... Impr. Bussière), Traité pratique de phytothérapie : remèdes d'hier pour médecine de demain, Grancher, impr. 2008 (ISBN 978-2-7339-1043-6 et 2-7339-1043-4, OCLC , lire en ligne)
  18. Ines Rocha, Elizabeth M. Williamson et Michael, July 4- Heinrich, Phytopharmacy : an evidence-based guide to herbal medical products, 2015 (ISBN 978-1-118-54345-0, 1-118-54345-9 et 978-1-118-54355-9, OCLC , lire en ligne)
  19. (en) Thummala Srihari, Murugan Sengottuvelan et Namasivayam Nalini, « Dose-dependent effect of oregano ( Origanum vulgare L.) on lipid peroxidation and antioxidant status in 1,2-dimethylhydrazine-induced rat colon carcinogenesis », Journal of Pharmacy and Pharmacology, vol. 60, no 6,‎ 18 février 2010, p. 787–794 (ISSN et , DOI , lire en ligne, consulté le 13 septembre 2021)
  20. Devrim Tuglu, Erdal Yılmaz, Ercan Yuvanc et Imge Erguder, « Viburnum opulus: could it be a new alternative, such as lemon juice, to pharmacological therapy in hypocitraturic stone patients? », Archivio Italiano Di Urologia, Andrologia: Organo Ufficiale [di] Societa Italiana Di Ecografia Urologica E Nefrologica, vol. 86, no 4,‎ 30 décembre 2014, p. 297–299 (ISSN , PMID , DOI , lire en ligne, consulté le 13 septembre 2021)
  21. Dilek Ceylan, Ahmet Aksoy, Tolga Ertekin et Arzu Hanım Yay, « The effects of gilaburu (Viburnum opulus) juice on experimentally induced Ehrlich ascites tumor in mice », Journal of Cancer Research and Therapeutics, vol. 14, no 2,‎ janvier 2018, p. 314–320 (ISSN , PMID , DOI , lire en ligne, consulté le 13 septembre 2021)

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